Résumé de la journée d’étude syndicale du lundi 14 janvier 2019
Notre convention collective arrivera à son échéance au printemps 2020 et le temps est déjà venu de préparer les futures négociations. C’est dans ce but que les centrales syndicales organisent des discussions avec leurs membres afin de tâter le pouls de leurs bases et de cerner les grandes lignes qui définiront les revendications à venir. Les enseignant.e.s du Collège de Maisonneuve étaient appelé.e.s le 14 janvier dernier à participer à un premier exercice de remue-méninges afin d’énoncer nos revendications. Cet article se veut le résumé de cette rencontre.
Regard en arrière pour mieux préparer l’avenir
Pour bien saisir les résultats des négociations de 2015, il importe de détailler le bilan de la FNEEQ à cet égard. Nous avons fait des gains pour la rémunération globale, dont le plus substantiel demeure le rangement 23, qui entraînera une augmentation marquée de revenus dès avril 2019 ; cependant, ces gains ne s’appliquent pas également à tous et à toutes et il reste des disparités importantes entre enseignant.e.s selon les statuts, particulièrement dans le cas des chargé.e.s de cours à la formation continue. On peut noter aussi le passage de la CI maximale de 88 à 85. Enfin, des ressources supplémentaires ont été injectées dans le système pour les étudiant.e.s en situation d’handicap (EESH), bien qu’on puisse déplorer qu’il n’y ait pas d’entente nationale à ce sujet et que les sommes n’ont pas nécessairement été utilisées de manière optimale.
Les bilans des négociations de 2015, tant local que celui de la FNEEQ, ont aussi donné l’occasion de revoir le fonctionnement des instances syndicales. Les membres du SPPCM déploraient alors les demandes parfois directives de la CSN, la grande distance entre les sommets de la hiérarchie et la base, et la lourdeur générale des organisations. Le bilan de la FNEEQ faisait ressortir des irritants similaires, mais recommandait également des modifications à son fonctionnement interne. Parmi les changements apportés, on remarque le fait que les représentant.e.s locaux n’ont plus l’obligation de défendre les prises de position de la FNEEQ lorsqu’ils ou elles les présentent aux membres localement, la séparation des rôles entre présidence d’assemblée et présidence syndicale, l’assouplissement des règles de convocation pour les discussion en marge des blitz de négociation et la révision des statuts et règlements de la FNEEQ-CSN, qui favorisent ou contribuent au renforcement de la démocratie syndicale et de la sérénité des débats.
Enfin, dans la perspective de la formation d’un front commun, on veillera à harmoniser le fonctionnement des divers secteurs afin d’en arriver à des consensus plus rapidement. Sur cette question sensible des fronts communs, bien que les centrales syndicales affichent leur préférence pour ce genre de rassemblement des forces, on envisage aussi l’option des alliances avec des secteurs d’emploi plus près de nos préoccupations, comme l’enseignement primaire et secondaire, afin de ne pas être réduits, comme c’est arrivé par le passé, à focaliser les dernières rencontres de négociation sur la seule question de la rémunération, qui semble devenir le dénominateur commun par défaut.
Au tour de la discussion : à nous la parole!
Après cette présentation du bilan 2015 et des enjeux de la prochaine négociation, les participant.e.s furent invité.e.s à répondre à un sondage électronique au sujet de l’ordre de priorité qu’ils et elles donnaient aux enjeux proposés. La précarité d’emploi est arrivée bonne première, suivie dans une moindre mesure des questions de l’autonomie professionnelle, du régime de retraite, de la surcharge de travail et de l’épuisement, des conditions salariales et de l’intégration des élèves SAIDE. Après ce sondage, les participant.e.s se divisèrent en diverses tables de discussion portant sur les sujets suivants : conditions de travail, conditions salariales et stratégies de négociation.
La table des conditions de travail fut de loin la plus populaire, au point de devoir se scinder en deux pour faciliter son fonctionnement. On y a discuté entre autres des problèmes de la demande soutenue pour l’offre d’enseignement à distance, de l’explosion des AEC au détriment de la formation générale et des élèves SAIDE ou EESH qui alourdissent la tâche d’enseignement. Pour l’enseignement à distance, on souhaite que la question des droits d’auteur et des contrats des enseignant.e.s soit réglée par la convention collective au niveau national plutôt que de laisser la porte ouverte à des ententes locales afin de lutter contre les disparités de traitement. La survalorisation des AEC au détriment du DEC, renforcée par la pénurie de main-d’œuvre qui semble exercer une pression à la diplômation, cause problème en cela qu’elle dévalue le DEC, qui a donc besoin d’être revalorisé, et que trop souvent les enseignant.e.s n’ont que peu de droit de regard en ce qui concerne la qualité des AEC ; or, la convention collective stipule que les enseignant.e.s sont responsables de la qualité de l’enseignement, ce qui signifie que nous avons déjà les moyens de nous assurer que les AEC ne deviennent pas une simple voie rapide vers la diplômation.
La situation des enseignants.e.s à statut précaire ainsi que celle des chargé.e.s de cours à la formation continue (FC) ont été largement discutées. Sans trouver pour autant des solutions globales au problème de la précarité, diverses idées ont été présentées : revoir la mécanique d’attribution des tâches afin de faciliter l’accès au temps complet, créer une enveloppe précarité afin de chercher plus d’ETC, mieux rémunérer les premiers échelons et scinder les tâches pour favoriser le temps complet chez les précaires. Les disparités entre les professeur.e.s à la formation continue et ceux du régulier mettent en lumière un constat plutôt aberrant : pour un même cours, la même tâche, la même expérience de travail, la même formation, un.e chargé-e de cours à la formation continue peut gagner jusqu’à la moitié du salaire d’un.e professeur.e du régulier. Sans oublier que, contrairement à la croyance populaire, les chargé.e.s de cours peuvent être appelé.e.s à participer à des tâches connexes à la prestation et à la correction de cours : participation à des réunions, encadrement d’étudiant.e.s, etc. La réalité des chargé.e.s de cours demeure méconnue tout en faisant l’objet de revendications d’une négo à l’autre : les professeurs.e.s présent.e.s à cette table de discussion croient qu’il est temps de mettre les revendications liées à la précarité et à la formation continue réellement à l’avant-plan.
Terminons ce résumé des discussions sur les conditions de travail en abordant les revendications des professeur.e.s d’éducation physique. Ces derniers peuvent avoir jusqu’à 270 étudiants par session, sous prétexte qu’ils et elles ont peu de correction, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. De plus, leur charge session n’est que partiellement reconnue, car seuls deux devis ministériels sur trois sont reconnus lors du calcul de leur tâche, ce qui signifie concrètement des préparations multiples non comptabilisées.
Quant à l’alourdissement de la tâche créé par l’arrivée massive d’élèves SAIDE ou EESH ces dernières années, deux pistes de solution ont été évoquées : il faudrait attribuer à ces élèves dans le calcul de la CI un coefficient plus élevé que celui des élèves réguliers afin que leur présence contribue à diminuer le nombre total d’élèves dans les classes et qu’ainsi les enseignant.e.s aient plus de temps à leur consacrer ; l’autre piste consiste à obtenir que les ressources supplémentaires associées à ces élèves soient injectées dans l’enseignement plutôt que dans l’aide professionnelle.
À la table des conditions salariales, on a évoqué l’idée d’une « prime urbaine », suivant le principe que le coût de la vie étant plus élevé dans les grands centres qu’en régions, le salaire devrait refléter cette réalité. On a également abordé la question du statut des chargé.e.s de cours de la formation continue, qui gagneraient à être reconnu.e.s comme employé.e.s à temps partiel. Enfin, à la table des stratégies de négociation, on a fait valoir qu’il faudrait présenter moins de demandes dans les négociations, mais qu’elles soient plus ciblées, ce qui permettrait d’être plus fermes sur nos positions et plus près des intérêts des membres. On désire également que soit fait l’exercice de revoir les demandes passées qui n’ont pas mené à des résultats afin de mieux cerner nos priorités. On a souligné finalement l’importance de donner l’heure juste au sujet de notre situation auprès du public et de déjouer les visions déformées ou fantasmées de notre réalité qui nuisent à nos demandes (salaires, conditions, épuisement…). Pour ce qui est des moyens de pression proprement dits, on a suggéré de favoriser la grève tournante locale plutôt que nationale dans le but de mobiliser la base, de faire plus d’efforts pour inclure la formation continue dans nos activités de grève et de former des alliances avec d’autres secteurs de l’éducation plutôt qu’un front commun avec des domaines d’emploi trop éloignés de nos priorités.
Constats et priorités
Il ressort de cette journée la nécessité de reprendre les revendications portant sur les conditions de travail mises de côté lors des négos 2015 ; elles doivent devenir les priorités de la prochaine ronde de négociations. C’est sur ce principe que s’amorcera des consultations plus formelles en bureau syndical et en assemblée générale, et c’est la position que l’exécutif transmettra aux instances nationales, tant à la FNEEQ qu’au CCSPP (cette instance vous est méconnue? Cliquez ici pour en connaître davantage!).
Vous êtes donc invité.e.s à assister aux assemblées syndicales, consulter votre délégué.e au bureau syndical et évidemment suivre les parutions de La Réplique et sur les réseaux sociaux qui vous informeront tout au long des consultations au sujet des priorités négos.
Marc LeBlanc, département de lettres, arts et histoire de l’art
Ann Comtois, département de psychologie et vp information et mobilisation