Compte-rendu du 65e Congrès de la CSN
Le 65e Congrès régulier de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) s’est tenu au Palais des congrès de Montréal du lundi 5 juin au vendredi 9 juin sous le thème Voir loin, viser juste.
Le Congrès est l’instance la plus importante de la CSN. Il est notamment responsable d’élire les membres du comité exécutif de la centrale, d’en adopter le budget et de déterminer les grandes orientations de la CSN pour les trois années qui suivent. Il est composé des personnes déléguées par les organisations affiliées à la CSN (syndicats, fédérations et conseils centraux).
Notez que tous les documents auxquels nous faisons référence sont disponibles au local du syndicat. Certains sont également disponibles en ligne.
Lundi 5 juin
Dans une première demi-journée, la direction de la confédération cherche à donner le ton, notamment avec le mot d’ouverture du président, Jacques Létourneau. Ce dernier est notamment revenu sur les votes de changement d’allégeance dans le secteur de la santé. Il a aussi plaidé pour que la CSN continue de s’investir dans les luttes sociales et politiques. En effet, comme travailleurs ou travailleuses, nous sommes aussi des citoyennes et des citoyens. Les choix des élu-e-s ont des impacts sur nos conditions de vie et de travail.
C’est aussi en vidéo sur écrans géants que la CSN met en scène les luttes sociales. En effet, la journée s’est conclue sur une rétrospective des luttes menées par la centrale et ses syndicats au cours des trois dernières années. Nous avons ainsi souligné les syndicats qui sont toujours en conflit de travail ainsi qu’un syndicat, celui des travailleurs et travailleuses d’Olymel à Saint-Simon, qui ont conclu une entente leur rapportant plusieurs millions de dollars après une lutte d’une dizaine d’années.
La portion congrue de cette journée était dévolue à un premier moment de discussion sur la vie syndicale dont l’enjeu est d’analyser comment se pratique la démocratie dans les assemblées générales des syndicats et dans les instances de la CSN en vue de s’assurer qu’elle permette l’expression des préoccupations et conduise au développement de positions communes fortes.
Mardi 6 juin
La deuxième journée du Congrès a été consacrée au lancement du Manifeste du 65e congrès. Le manifeste a été lu par la comédienne Geneviève Rochette et le comédien Emmanuel Bilodeau. Des ateliers ont été tenus sur les grands thèmes du manifeste : 1- sécuriser le revenu tout au long de la vie 2- Pour développer l’économie et créer des emplois de qualité 3- Pour consolider les services publics 4- Pour lutter contre le changement climatiques 5- Pour renforcer la démocratie. Ce manifeste est le produit de la consultation des syndicats à laquelle nous avons participé au début de l’année 2017. Nous regrettons cependant ne pas avoir pu débattre des revendications comprises dans le Manifeste.
Nous avons également adopté lors de cette journée les états financiers vérifiés de la CSN. À cet égard, rappelons que la CSN est la centrale syndicale la plus transparente.
Un hommage a finalement été rendu à Francine Lévesque qui a décidé de prendre sa retraite, et conséquemment n’a pas sollicité de nouveau mandat à la première vice-présidence de la CSN.
Mercredi 7 juin
La journée du mercredi a débuté par une conférence de Christian Nadeau, professeur de philosophie à l’Université de Montréal, sur le thème de la démocratie syndicale, dans la foulée de la publication de son plus récent livre Agir ensemble. M. Nadeau a insisté sur l’importance de conserver intactes les instances formelles de discussion (telles les AG) tout en instaurant des lieux plus informels d’échanges. Selon lui, ces lieux de débats et de discussions favorisent l’empowerment des membres et contribuent à démocratiser le syndicalisme.
Le reste de l’avant-midi a principalement porté sur le « Plan d’action » visant à mettre en œuvre les orientations développées dans le Manifeste. Nous avons tenu des ateliers de travail sur les propositions.
En plénière, les débats ont repris quant à la proposition sur la vie syndicale et le Congrès l’a adoptée avec quelques menues modifications. Un rapport sur la syndicalisation (dont on trouve ici le résumé) a aussi été présenté. On y présente des choix faits par la CSN et particulièrement, par les fédérations regroupant des travailleuses et travailleurs du secteur privé, qui s’éloignent des traditions à la CSN : ainsi en plus de fédérer les employé-e-s du syndicat autonome de telle usine manufacturière, la CSN a mis sur pied un syndicat regroupant des employé-e-s de petites entreprises, avec en chaque cas une section locale (c’est le modèle historique des syndicats internationaux ou de la FTQ) ; dans le secteur du commerce, prenant en compte l’agressivité des dépanneurs Couche-Tard qui ont fermé presque toutes les succursales où il y avait eu syndicalisation, la CSN a lancé un projet pilote d’adhésion sur une base individuelle, Couche-Tard, c’est nous.
Par ailleurs, ont été élues par acclamation pour cinq des six postes à l’exécutif les personnes suivantes : des membres de l’exécutif sortant, Jacques Létourneau (présidence), Jean Lortie (secrétaire général), Jean Lacharité (2e vice-présidence) et Pierre Patry (trésorier) ainsi que Caroline Senneville, présidente de la FNEEQ quant à elle élue pour la première fois à la 1re vice-présidence de la CSN.
Jeudi 8 juin
L’essentiel de la journée du jeudi, et une partie de l’avant-midi de vendredi ont porté sur les prévisions budgétaires de la CSN pour les trois prochaines années. Le budget de plus de 240 M$ de la CSN a été largement débattu, et pour cause. La débâcle de la centrale (perte de plus de 22 000 membres) dans le secteur de la santé a entraîné une baisse des revenus, forçant le trésorier à présenter un budget impliquant des compressions et des abolitions de postes.
Nous avons aussi procédé au vote à scrutin secret à l’élection de la 3e vice-présidence. Véronique De Sève a été réélue.
Les membres du Congrès ont finalement pu assister à une courte conférence prononcée par Donald Cuccioletta portant sur la conjoncture étatsunienne.
Vendredi 9 juin
Conclusion de deux débats, celui sur les prévisions budgétaires et celui sur la syndicalisation. Finalement, quelques propositions ont été adoptées, notamment concernant les services de la CSN, mais surtout des éléments de plan d’action pour les prochaines années.
À cet égard, les syndicats de la CSN ont ainsi été invités à s’approprier le manifeste de la centrale dans le but ultime d’interpeller les candidates et les candidats lors des prochaines élections québécoises.
Plusieurs propositions ont été référées au Conseil confédéral de la CSN, instance suprême entre les Congrès.
Quelques commentaires
La délégation du SPPCM est sortie avec un sentiment partagé sur le bilan à tirer du 65e Congrès de la CSN. Si nous pouvons reconnaître l’immense défi d’organiser un tel forum de délibération, nous estimons ne pas avoir eu assez de temps pour discuter du plus grand nombre de propositions. Des moments de discours, de présentations d’invités ou de présentations filmiques sur les écrans géants pourraient être écourtées, voire éliminées, afin d’avoir plus de temps pour le débat.
Nous notons aussi parfois une utilisation démesurée de la « question préalable » afin de mettre fin aux débats. Aussi, dans certains cas, les détecteurs de sophismes de nos collègues philosophes auraient rougi. Il faut par ailleurs reconnaître tout le temps et l’effort consacrés pour discuter du budget de la centrale.
La rencontre avec des travailleurs et des travailleuses de tous les secteurs confondus est toujours agréable et nourrit notre apprentissage des réalités différentes des nôtres. C’est un rare moment pour nous d’y avoir accès et c’est dans ces moments que prend tout le sens de notre adhésion à la CSN !
Les déléguées et délégués du SPPCM au Congrès :
Benoît Lacoursière
Ann Comtois
Jean Sébastien
Ariane Robitaille